Short Mental Space / Précisions en passant

Questions font partie d’Etude
Etude est d’aujourd’hui : elle se questionne sur les conditions de possibilité même d’Etude
Etude est d’aujourd’hui parce qu’elle joue sa partition réflexive
question alors, le paradoxe  : dès qu’on se place dans l’étude de Monde, ou plutôt des approxmonde, on n’est déjà plus dans l’expérience « naïve » de Monde et d’emblée donc dans une distance par rapport à l’objet, distance qui est celle de tout geste qui consiste à connaître un objet (d’autant plus quand cet objet est une croyance, quelque chose sis en tête et entre les têtes : la sociologie ou l’histoire des croyances ont un problème analogue).
donc l’Etude de Monde est l’étude des approxmondes plus que des éléments de Monde qui, eux, se dérobent dès qu’on sort de la naïveté.
Mais ça ne veut pas dire que dans Etude, on ne saisit RIEN des éléments de Monde. On essaie de garder l’élément de Monde à vue, comme l’horizon à comprendre et non pas à atteindre, comme un objet non plus donné dans l’évidence (comme pour celui qui les utilise) mais à reconstruire avec d’autres moyens. et parmi ces moyens : des outils critiques.

on pourrait distinguer alors :
– une Etude qui en quelque sorte essaierait de coller aux éléments de Monde, qui se placerait dans une sorte de respect par rapport à son objet, ou même dans une certaine nostalgie, la nostalgie de cet état de « naïveté » où l’on est dans les approxmondes comme si on était dans Monde lui-même, où on ne pose pas de distinction entre les deux.
ce serait comme une approche respectueuse, objectiviste oui, de Monde.
bien heureusement pour le chercheur qui se place dans cet horizon, il est toujours, quoiqu’il en veuille, dans tout ce qui n’est pas son étude et même dans les présupposés et les croyances qui animent son étude, un sujet « naïf ». Dès que l’on croit en certaines choses, et comme vivants dans l’urgence on ne cesse pas de vivre sur de la croyance, on est des sujets « naïfs » qui ne font pas de distinction entre des éléments d’idéologie (ou approxmonde), Monde, et les singularités qui font le réel infraMondain.

on peut faire un parallèle avec, par exemple, la science économique : les chercheurs en sciences économiques sont pour la plupart des gens respectueux de l’économie, et qui sont en quelques sortes des « croyants » en l’économie, il s’agit pour une écrasante majorité d’entre eux l’économie qui « existe » ici maintenant (eh oui, c’est de la science : la physique n’est pas la science d’une physique possible mais de la physique des objets existants) = capitaliste. Comme ils se considèrent comme des scientifiques, leur but est d’étudier ce qui existe ici maintenant et les possibilités inscrites uniquement dans l’horizon de ce qui existe ici-maintenant (prospective, qui en plus, via l’autoréalisation des prophéties, modifie le réel dans son propre sens, car l’économie fonctionne aux croyances de ses acteurs)

de même on pourrait se demander si pour Etude une perspective objectiviste ne provoquerait pas une solidification des éléments d’approxmonde…

-l’autre Etude, serait anti-Monde, ou plutôt critique et orientée. dans cette perspective, Etude n’est rien d’autre qu’une forme de la lutte contre Monde et les approxmondes qui, selon cette approche, vont dans le sens d’une justification idéologique du réel singulier humain tel qu’il est, avec Johnny Hallyday, la pornographie, l’Argent, etc.
Etude est une machine de guerre qui dissèque les éléments d’approxmonde pour les faire pourrir, et donc s’en distingue radicalement.
quelque part, cette étude anti-Monde n’a aucune prétention « scientifique » (sauf comme prétexte pour faire de l’entrisme dans les croyances Mondesque : cheval de Troie) mais seulement critique (avec quand même l’acuité que cela suppose dans la description des approxmondes), elle se perçoit comme un outil polémique, une arme, et partant elle est beaucoup plus proche de la réalité (au sens des singularités), n’ayant aucune prétention à l’universalité.
si on lui reproche de n’être rien d’autre qu’un approxmonde, elle ne le nie pas mais souligne qu’il en est de même pour toute Etude, mais qu’à la différence de l’étude objectiviste de Monde, elle ne se cache pas ses buts et n’ignore pas son efficace.

comme une approche critique de l’économie, qui pour les scientistes ne sera jamais une « science », mais qui pourtant, si néanmoins elle utilise tout les outils descriptifs que la science économique objectiviste a la naïveté de lui dévoiler, tout en éjectant ce qui n’est qu’idéologie fumeuse -principes et prospectives croyantes-, sera mille fois plus intéressante que la science économique.

cette branche d’Etude ne prétend pas être une science, se fout d’être une science, mais affirme qu’elle est, comme n’importe quelle science, une machine de guerre. sauf que les sciences font mine de ne pas être conscientes de cet aspect, en revendicant une simple valeur descriptive et non orientée du réel comme il est. Etude rétorque : MON CUL !

-Etude critique ne prétend pas être une description de ce qui est et tel que c’est. mais une description orientée, qui annule volontairement l’attitude naïve par rapport aux éléments d’approxmonde et donc supprime volontairement tout ce qui va avec cette attitude naïve, tout ce qu’elle suppose = donc pas exhaustive.
Disséquer Johnny Hallyday n’a certes pas la saveur et ne contient pas l’exhaustivité des éléments de « Johnny Hallyday » tel qu’il existe pour le fan, mais l’exhaustivité n’est pas ce que le chercheur de Monde vise : il vise à [décrire-détruire] « Johnny Hallyday » et en faire un pantin de merde qui nous éclaire sur la manière dont une culture de merde se nourrit et ce à quoi elle sert aussi.

Chercheur du CMEP n’a pas à se soucier d’être objectif : il ne faut pas décrire juste, mais décrire assez juste et juste assez pour FRAPPER juste.
Chercheur du CMEP n’a pas à se soucier d’être objectif, donc Etude s’articule totalement à la production libre d’objets, de textes, de sons, d’images, de projets comme Groupe de Musique. Etude est un de ces objets singuliers, sous la forme d’un effort de dissection, d’une arme critique faite d’idées et de paroles, démontages de mythes, laboratoires d’analyses et d’idées dont la production d’objets critiques et bizarres peut se nourrir.

Message de Monde

jeudi 22 septembre 2011, 00:29

Entremets
De : Adresse mail <adressemail@adressemail.net>

Date : Date

Objet : Objet

À : Homme
Homme,

C’est avec douleur que nous t’écrivons sur cette boîte mail car nous n’avons pas réussi à te joindre à l’adresse adressemail@adressemail.net (et les claviers de téléphone du monde ne permettent pas de taper le Numéro de téléphone ).

La difficulté à écrire dans un idiome autre que l’Idiome est grande.

Considère cependant les phrases qui précèdent comme imprécises, et nées d’une illusion dans laquelle nous étions prêts de tomber. Tu peux le voir, le langage devient moins rigoureux, mais il devient vivant : car nous sommes du monde, et quoiqu’il en soit de notre recherche de Monde, nous garderons les deux pieds dans le monde.

Les deux phrases qui précèdent, ainsi que celle-ci dans laquelle cette phrase s’écrit, sont énoncées dans un langage qui n’est pas Langage, mais seulement une tentative d’approcher Langage et, à travers Langage, de mieux cerner Monde ; tentative que nous nommerons peut-être « langage de recherche de Monde », « langage de la quête de Monde », ou « approximation Müller de Monde » (abréviée en « approx Müller » – Müller, pour différencier cette approximation des autres existantes ou seulement possibles, sans pour autant lui donner une quelconque primauté ou valeur inaugurale : car avant l’approx Müller, il y a eu l’approx Platon, et bien d’autres.)

Quelle opération se joue ici ? Tout sera parti de l’existence peut-être indéniable du groupe de musique Groupe de Musique. Il fallait prendre acte de cette existence, et développer ses implications. Son implication la plus loin portante consiste en une affirmation ontologique, un postulat d’existence : le groupe de musique Groupe de Musique existe et ne peut tout à fait exister que dans le monde Monde.

Dans le monde Monde, le seul groupe de musique dont on peut affirmer l’existence est Groupe de Musique.

Dans le monde Monde, il n’y a pas de trains, de trains qui partent ou qui arrivent, de trains en retard, de trains qui déraillent. Il y a le train Train. Ou plutôt, si l’on veut être plus proche de la manière dont le monde Monde s’énonce (du moins, c’est ainsi que nous le supposons) : il y a Train.

Nous avons dit monde Monde, mais dans le monde Monde, il va de soi que ce redoublement n’a pas lieu d’être : il s’agit simplement de Monde.

Le monde, celui fait de singularités, de noms propres et d’histoire, dans lequel nous vivons, présente parfois à nos yeux inquiets certains objets qui, plus que d’autres, nous mettent sur la voie de Monde : la plupart des hommes d’affaire que nous croisons ne seront qu’agrégats de bouts d’apparence et d’identité (homme d’affaire mais simultanément père de famille, arabe, chauve, stress, soulier verni), quand pourtant l’un d’entre eux nous apparaît soudain, dans l’étrange lumière d’une évidence, comme l’homme d’affaire Homme d’affaire, ou plus justement Homme d’affaire, affirmation hiératique d’une fonction. Nous nous écrions alors : Homme d’affaire !

Bien sûr, Homme d’affaire qu’on a cru voir apparaître ne se révèle bientôt être qu’un homme d’affaire, peut-être pressé, peut-être alcoolique, peut-être Norbert Gransart ou Jean Waltz. Le fait que nous soyons des membres du monde ne se laisse jamais longtemps oublier : pourtant, l’intuition de Monde nous a bien effleuré, et nous poursuivrons désormais la recherche de Monde et des fonctions hiératiques et affirmatives qui le peuplent.

Parmi les questions qui nous hantent, il y a celle-ci : Question ?

Question ?

Ici nous subissons l’appel de Monde, mais reprenons-nous.

Parmi les questions qui nous hantent, il y a celle-ci : quels pourraient être les moyens, les outils, les surfaces d’inscription adéquats d’une recherche de Monde ? Car nous avons la naïveté de vouloir le représenter.

Les maîtres enlumineurs du Moyen-Age semblent avoir recherché un moyen de rendre Monde sensible. Tout au moins, l’on peut reconnaître que de nombreuses enluminures sont truffées d’images de Poisson, Mer, Testicule, Seigneur, Ville, Combat, et bien d’autres choses qui faisaient partie de Monde pour le maître enlumineur du Moyen Age. La ferme et folle croyance de ce temps en une essence fixe des choses, en la possibilité d’Homme, de Chevalier, de Ballot de paille, etc., comme en atteste notamment le Livre des propriétés des choses de Barthélémy l’Anglais, était un terreau fécond pour l’imagination et la conception de Monde.

Il semble que les morceaux amoncelés en nos têtes de cognitions socialement induites, via l’usage de mots cimentés par leur répétition incessante dans la bouche de tout le monde, soit l’une des sources des entités peuplant Monde : on ne saurait nier la hiératique présence en la tête d’Arabe, de Juif, de Pédé, de Gitan, de Riche… Monde peuple le langage.

Mais quelque part ailleurs que dans l’aire de la bêtise ordinaire, il semble que les enfants et les fous en ce monde, plus que les autres, aient un accès privilégié à Monde, et disposent d’un langage plus adéquat pour le penser. Car Monde est avant tout source d’un étonnement, ou bien peut-être Monde est-il simultanément l’objet et le produit d’un étonnement devant l’inadéquation des mots+des schèmes qu’ils portent, d’avec les choses singulières. Constatant dans l’étonnement cette inadéquation, l’étrangeté du mot+squelette de choses qui lui est attaché n’est cependant pas levée, et le mot-fonction ne fait que se poser devant les yeux avec une insistance redoublée, un caractère affirmatif, tonnant, qui confère à Homme, à Gare ou à Groupe de Musique une quasi-existence terrifiante.

Ceci semble important : la question n’est pas de croire ou de ne pas croire en l’existence de Monde, mais d’essayer de penser ce quelque chose qui pourrait être Monde. Monde n’est peut-être que le produit d’une réaction chimique : celle qui est résulte de la rencontre du langage toujours ressassé et du cerveau qui l’incorpore. Cela ne le rend pas moins digne d’être pensé.

Monde ne serait alors rien moins que le produit d’une contamination : la contamination de la tête, des yeux, des oreilles, du corps entier, par l’usage du langage et de la logique sise en cet usage. Monde serait le le produit d’une rencontre : celle de la Logique et du monde.

Une seconde définition de Monde pourrait être celle-ci : Chose dans Monde est le point de convergence de toutes les perceptions possibles d’une même chose singulière. Ce en quoi tel objet est le même pour telle chauve-souris, tel chien et tel homme. Ou encore : Chose dans Monde est une catégorie de choses singulières pertinente pour toute perception possible.

Quelle que soit la réelle nature de Monde, il faut tenter de le penser. Nous défendant de croire que nous possédons la juste définition de Monde, il nous faut donner à tout langage parlant de Monde son caractère d’approximation, et l’entière liberté, jamais dénuée de rigueur, que ce caractère implique. Penser Monde relève non pas de la science, mais d’une folie dont on ne saurait déterminer la portée ou l’absence de portée.

/maquette de train images fixes ou animées du groupe de musique Groupe de Musique/

Un exemple d’abord, parmi d’autres, pourrait servir de première approche du problème Monde : qu’est-ce que Phrase ?

Dans Monde, il existe Phrase. La voici, peut-être :

Phrase s’écrit.

Ou bien, lorsque Voix est le vecteur :

Phrase se dit.

Notre incertitude est grande, tant Monde ne se laisse deviner que rarement à travers la multitude des incarnations imparfaites et aberrantes, au sein du monde, de ce qui existe en Monde, tant aussi le vertige est grand lorsque nous tentons d’y pénétrer par l’effort de la pensée et du langage. L’un des problèmes les plus saillants auquel nous faisons face dans la recherche de Monde, est celui-ci : comment éviter ou comment assumer l’arbitraire, sans nous barrer l’accès à Monde ? L’arbitraire arrive dès l’abord de la recherche, lorsqu’il faut décider du niveau de spécification sémantique où l’on peut trouver et nommer les fonctions qui peuplent Monde. Nous possédons quelques fragiles certitudes, qui n’en sont guère en vérité, telles que : il existe Train, mais il n’existe pas Train corail ou TGV. Il existe Véhicule. Il existe Bicyclette, mais pas Vélo tout terrain. Il existe Voiture, mais pas Voiture peugeot. Il existe Homme, mais pas Homme vétéran de la guerre du Vietnam. Il existe Chauve, mais pas Dégarni. Il existe Policier, mais pas Brigadier chef. Où devons-nous arrêter la division des abstractions qui peuplent nos têtes ?

Peut-être au niveau d’abstraction qu’un œil exercé pourrait voir s’incarner dans les choses mêmes. Un obscur mouvement est en effet décelable au sein du monde et de son histoire : il semblerait que les entités peuplant Monde, sous l’effet sans précédant des activités d’Homme, tendent sourdement à investir les singularités qui jusqu’à maintenant faisaient du monde un monde vivant, et faisaient du sensible un divers. La production industrielle des objets, modes de vie, opinions, affects et percepts, dont nous ne cessons de subir l’intensification, semble être la manifestation empirique de ce mouvement transformant tout à la fois les choses et ceux qui ont rapport à elles.

Monde pourrait constituer une plaisanterie raffinée goûtée par une poignée d’idéologues prétentieux : il n’est pourtant qu’une manière de nommer et d’élaborer un problème qui n’a jamais vieilli depuis l’aube de la pensée, ne nous requérant qu’avec plus d’urgence à mesure que l’histoire s’emballait. Ce problème est celui de la terrible efficace du langage, de la logique, et du mouvement d’abstraction dont ils sont les noms : mouvement qui menace tous les processus, tous les gestes incertains à l’œuvre dans le divers, d’un figement brutal dans la pose hiératique, creuse, répétitive jusqu’à l’obsession, des formes et des fonctions.

Lunettes

Révélation mineure de Monde -Chicago Blues-

mardi 27 septembre 2011, 09:54

Les petites epiphanies quotidiennes doivent nous convaincre d’une attention permanente aux apparitions ostentatoires de Monde ; c’est de l’endroit où l’on pourra le moins s’attendre à des surgissement de Monde qu’il y en aura, et peut être que ceux-ci n’auront de sens qu’à nos yeux propres, et qu’il sera difficile de soumettre ni d’intégrer ces intuitions à une analyse sérieuse ; il y a, dans la part d’inconnu qui entoure Etude, un espace possible de solitude pour le Chercheur de Monde. Soit.

Fourchette an 1000 Fourchette 1925
Représentation de Fourchette (XIème siècle, 1925)

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« Pour la date du 05 novembre dites moi car si non je la reporte pour la faire avec mon groupe de CHICAGO BLUES. »

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Postulons que Chicago Blues existe dans Monde.

Chicago Blues , dans Monde, est différent du genre musical qui est joué dans le monde et nommé Chicago Blues .

Prenons Chanteur A, qui n’a pas conscience de Monde, et veut seulement jouer du Chicago Blues. A cette fin, il quitte les Musiciens A, B, C, avec qui il jouait du Chicago Blues, jusqu’au moment où il a pris conscience que ce qu’il croyait être du Chicago Blues n’est pas vraiment selon lui, Chicago Blues. Il croit, mais sans savoir qu’il le croit, détenir le secret de Chicago Blues. Il monte un nouveau groupe de Chicago Blues, avec les Musiciens A’, B’, C’, et avec pour dessein inconscient mais inévitable, de remplir la fonction de Groupe de Chicago Blues.

L’échec annoncé à devenir Groupe de Chicago Blues tient en plusieurs causes :

– Chanteur A n’a aucun regard sur lui-même ; il CROIT être, dans le premier groupe comme dans le deuxième, Chanteur de Groupe de Chicago Blues. Deux approx-Mondes de Chicago Blues de Chanteur A se succèdent. Il pourra y en avoir d’autres par la suite, plus ou moins proches de Chicago Blues, mais aucun ne sera jamais, sauf par hasard incroyable, Groupe de Chicago Blues.

– Chanteur A n’est pas rigoureux dans son travail et sa sélection de références, alors que son projet inconscient d’être Chanteur de Groupe de Chicago Blues devrait l’entrainer à la plus grande rigueur. Il a une vision approxmondeisée plutôt claire de Chicago Blues, mais ne se donne pas réellement les moyens de tendre vers cet approx-Monde.

– Dans les deux cas, les Musiciens A, B, C et A’, B’ et C’ n’ont pas, contrairement à Chanteur A, de vision d’approx-Monde de Chicago Blues. Par contre, ils sont rigoureux, et en travaillant leur artisanat, vont décortiquer les caractéristiques techniques du Chicago Blues, le démonter et apprendre à en jouer plus ou moins grossièrement. Il ne joueront certainement pas Chicago Blues, et seront définitivement handicapés, malgré tout leur talent instrumental, dans la potentialité de jouer un jour Chicago Blues. Seul un Chercheur de Monde pourrait prétendre pouvoir jouer Chicago Blues.

Il apparait que la distorsion entre ChanteurA et Musiciens A, A’… témoigne de la complexité des approx-Monde eux mêmes ; il apparait que le GroupeA ou le GroupeB construit, en tant qu’entité, ce que l’on pourrait appeler un « ersatz d’approx-Monde », qui parait être plus éloigné de Monde, et en même temps plus caractéristique de Monde pour le chercheur de Monde.

Plus l’ersatz d’approx-Monde est grossier, plus il est facile à lire, et décrypte l’objet d’approx-Monde vers lequel veut tendre l’ersatz d’approx-Monde.

L’ersatz d’approx-Monde est hiérarchiquement placé en deça de l’approx-Monde, qui est lui-même une division réduite de Monde.

Une chose est certaine, c’est que l’approx-Monde Chicago Blues est donné à entendre par des « vrais » musiciens de Chicago Blues. Les « faux » musiciens de chicago-blues ont cependant plus de chance, par leur grossière interprétation musicale, par leur défauts, de donner à voir, en creux, les caractéristiques de Chicago Blues.

Je reformule : Un approx-Monde dominant du Chicago Blues est joué par des vrais musiciens de Chicago Blues, et illustre à priori plus Chicago Blues dans Monde, mais les « faux » musiciens de Chicago-Blues, par leur ersatz de Chicago Blues, donnent à priori plus à imaginer et caractériser Chicago Blues dans Monde qu’un « véritable » ou « crédible » approx-Monde de Chicago Blues.

Ainsi :

– les néo-nazis nous en apprennent plus sur le nazisme que les nazis.

– La droite décomplexée dite « sarkozyste » nous en apprend plus sur les valeurs de la droite que la droite.

Ainsi que :

– Les cérémonies spectaculaires de l’art contemporain nous en apprennent plus sur l’impossibilité d’institutionnaliser l’art que les « vrais » artistes à l’ego discret en apparence, critiquant l’institution mais ne rêvant que d’y avoir la place qu’ils croient leur être due.

– La démocratisation d’internet et internet comme preuve de la démocratie nous en apprennent plus sur la disparition de la démocratie que les indignations face à la disparition de la démocratie.

– La publicité nous en apprend plus sur le vide de la société que le discours vide sur la société vide elle-même.

Tentative de note sur Monde / appeler un chat Chat

jeudi 4 août 2011, 20:24

L’assainisseur d’appartement : petit flacon à capsule métallique qui contient un liquide aromatique à évaporation (L’évaporation est un passage progressif de l’état liquide à l’état gazeux. Elle est différente de l’ébullition qui est une transition rapide. C’est un changement d’état appelé vaporisation.) assainissante et insecticide. Grâce à une tige (La tige est chez les plantes à fleurs, l’axe, généralement aérien, qui prolonge la racine et porte les bourgeons et les feuilles. La tige se ramifie généralement en branches et rameaux formant l’appareil caulinaire.) de fleur (La fleur est constituée par l’ensemble des organes de la reproduction et des enveloppes qui les entourent chez les angiospermes -aussi appelées plantes à fleurs-) artificielle piquée dans la capsule, le liquide monte par capillarité (La capillarité est l’étude des interfaces entre deux liquides non miscibles, entre un liquide et l’air ou entre un liquide et une surface. Elle est mise en œuvre lorsque les buvards aspirent l’encre,…) et s’évapore par les pétales.

Quelques petites inventions, 1930, Techno-Science.net, rubrique « Rétro »

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Base : il y aurait Monde, et il y aurait les approx-monde. L'étude de Monde pourrait se nommer Etude. L'étude et la description des approx-mondes pourrait s'appeler l'approxmondeigraphie. Le processus de construction d'un approx-monde pourrait se nommer approxmondeisation. Le terme qui définirait une image d'approx-monde pourrait s'appeler un approxmondeisme.

Acté : opposition objectif/subjectif est caduque : il n'y a que le réel, le fait, ce qui est. Ou sinon, il n'y a que des subjectivités et des objectivités en même temps. Toutes les subjectivités et objectivités en même temps sont Monde.

"Le monde, celui fait de singularités, de noms propres et d'histoire, dans lequel nous vivons, présente parfois à nos yeux inquiets certains objets qui, plus que d'autres, nous mettent sur la voie de Monde (...) pourtant, l'intuition de Monde nous a bien effleuré, et nous poursuivons désormais la recherche de Monde et des fonctions hiératiques et affirmatives qui le peuplent."

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– il n’est pas de foi dans Monde : Monde est seulement l’incarnation d’une idée féconde, aux potentialités nombreuses, qui peut ou ne peut pas servir de grille de lecture du monde et de ses représentations passées et présentes.

– s’intéresser à Monde ou aux approx-monde n’est qu’une question d’affinité et de compétences. Travailler à l’un ou l’autre des domaines, étude de Monde ou étude des approx-mondes, revient à travailler à la connaissance de Monde. Ne pas étudier Monde et les approx-monde, ne pas avoir conscience de leur présence, c’est quand même illustrer Monde, c’est quand même y participer. Vivre, même, manger, faire l’amour, lire un livre, et toutes les manières de le faire, et tous les rituels conscients ou inconscients que cela présuppose, ce qu’on en retire (et ce qu’on n’en retire pas), à chaque fois illustrent Monde. Monde est là partout et nulle part à la fois, puisque personne ne comprends et ne connait Monde. Aucun homme d’affaire n’est Homme d’affaire, mais tous les hommes d’affaires sont un peu dans Homme d’affaire.

– La création artistique pourrait avoir un rôle particulier dans Monde. Les intuitions artistiques pourraient être des intuitions de Monde. Etude : représentation plus rigoureuse mais abstraites de Monde. Artistique : vision non rigoureuse mais apparue. Les deux, étude rigoureuse et création artistique intuitive s’interpénètrent, nourrissent la connaissance de Monde, autant que la connaissance de Monde se nourrit de la description des approx-mondes.

– Lien avec intuition diachronique, vue comme résonances entre approx-mondes qui permettraient de détecter du commun, du Monde. Monde, c’est le commun. Un commun à jamais insaisissable à ceux du monde, car pour eux à jamais incomplet. Ce commun absolu n’est que pensable, jamais représentable d’aucune manière. Face à Monde, l’habitant du monde en est réduit à des pronostics.

Le moutardier automatique : en appuyant avec le pouce sur le fond, on chasse un piston intérieur et on force (Le mot force peut désigner un pouvoir mécanique sur les choses, et aussi, métaphoriquement, un pouvoir de la volonté ou encore une vertu morale « cardinale » équivalent au courage (cf. les articles « force (vertu) » et…) la moutarde à sortir par l’orifice.

– Réponse provisoire : nul besoin de créer artificiellement et arbitrairement notre propre approx-monde : celui ci existe déjà. En le nommant, en l’écrivant, on peut le dogmatiser, le figer ; mais qu’on le fasse ou non, il existe. Par exemple, le travail dans notre approx-monde diffère en grande partie du travail dans l’approx-monde dominant, l’approx-monde commun de la société dans laquelle nous tenons une place (constitué lui-même d’une multitude d’approx-mondes individuels, plus ou moins proches, mais au moins assez pour constituer un approx-monde dominant). Dans notre approx-monde, on peut affirmer que la dichotomie travail/loisir tend à ne pas exister, alors qu’on peut affirmer que celle ci est prégnante, même fondamentale, dans l’approx-monde dominant. L’approxmondeisme « arabe » (entendu uniquement comme le mot et tout ce qu’il charrie de représentations, non la personne qu’il prétend définir) existe dans notre approx-monde (je dirais même pollue notre approx-monde) mais étant questionné, disséqué, il n’a plus la même réalité ni la même force que dans l’approx-monde commun.

Il serait sans doute intéressant de dresser l’inventaire, même nécessairement incomplet, d’éléments constituants notre approx-monde. Il serait intéressant de dresser l’inventaire de ce que nous considérerions comme l’approx-monde dominant, et de confronter les deux. Nous pourrions voir apparaitre, en creux, des raisons de divergences fortes qui seraient tout à coup ici révélés.

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Un paysage miniature, décor de train extrêmement pauvre. UNE église, séquencée. UN wagon, répété. Le circuit est pauvre, lui aussi. Le déplacement du convoi est d'une régularité effrayante. Les vaches ne bougent pas. Le camion de laitier livre sa marchandise pour l'éternité.

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Un art formalisé, un art d’académie, qui montre les convenances, les goûts d’une époque et d’une classe sociale donnée, un discours préconvenu et balisé, normé, compris; tout cela en dit autant sur les approx-monde, et donc potentiellement sur Monde, qu’un art de recherche ou un discours sur l’approx-monde et Monde.

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Ne pas créer illustre un approx-monde. Ne pas créer est tout à fait intéressant. Il y a là un mystère infini.

Depuis la grande galerie de l’évolution la remarque d’évidence suivante : l’histoire des sciences, et particulièrement l’histoire des taxinomies scientifiques nous en apprendrait beaucoup sur la connaissance des approx-mondes. De Gilles Clement, « ce que l’on nomme existe » ; ce que l’on ne nomme pas n’existe pas. Fleur, Monstre marin, Cheval sont devenues une infinité de fleurs et d’animaux. Fleur est devenue Ranunculaceae, Papilionoideae, puis Ranunculus ololeucos et Leguminosae-Papilionoideae. Une question, dès lors : la disparition des espèces accélérée par l’activité humaine occasionnera-elle un retour vers Fleur et vers Monde?

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La publicité dans une société d’hyperconsommation est de toute évidence une illustration des plus prégnantes de construction d’approx-mondes à finalité mercantile, concourant à la construction d’un l’approx-monde dominant qui est caractérisé par une indigence spirituelle frappante, d’autant plus imparable qu’elle est multipliée à l’envie dans l’infini des écrans télévisuels, clignotants, fixes, animés, figés. L’enfant Kinder chocolat n’est-il pas Enfant? La mise en abyme de son nom ne le rappelle-elle pas assez?

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L’art convenu apprends sur l’approx-monde historique, l’art d’avant garde sur un approx-monde aux balises élargies.

Auncun individu n’est Individu. Même le plus pauvre et bête gars incarne tour à tour une infinté d’illustrations de Monde et d’approx-mondes. Egalité dans Monde.

 Lien avec historiographie du présent (au niveau simple que je connais) ; établir l'approx-monde contemporain reviendrait à une historiographie du présent ; écriture partiale, partielle, incomplète mais pas moins rigoureuse d'un approx-monde donné. Historiographie : la rigueur n'empêchera jamais l'échec dans le traitement d'un sujet.

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Conclusion : Monde pourrait être un système, une grille de lecture des grilles de lectures, à partir de laquelle reformuler les questions.

Il paraitrait étonnant qu’un système finalement aussi simple n’ai pas déjà été imaginé ; l’approx-monde Platon nous en donne l’indice.

(Note de la note : Ces bribes sont en grande partie des redites et des réponses médiocrement formulées ; l’urgence de Monde a fait compiler cela aussi compulsivement ; d’autres sauront développer, rendre compréhensibles et poétiques ces méditations collectives)