Short Mental Space / Précisions en passant

Questions font partie d’Etude
Etude est d’aujourd’hui : elle se questionne sur les conditions de possibilité même d’Etude
Etude est d’aujourd’hui parce qu’elle joue sa partition réflexive
question alors, le paradoxe  : dès qu’on se place dans l’étude de Monde, ou plutôt des approxmonde, on n’est déjà plus dans l’expérience « naïve » de Monde et d’emblée donc dans une distance par rapport à l’objet, distance qui est celle de tout geste qui consiste à connaître un objet (d’autant plus quand cet objet est une croyance, quelque chose sis en tête et entre les têtes : la sociologie ou l’histoire des croyances ont un problème analogue).
donc l’Etude de Monde est l’étude des approxmondes plus que des éléments de Monde qui, eux, se dérobent dès qu’on sort de la naïveté.
Mais ça ne veut pas dire que dans Etude, on ne saisit RIEN des éléments de Monde. On essaie de garder l’élément de Monde à vue, comme l’horizon à comprendre et non pas à atteindre, comme un objet non plus donné dans l’évidence (comme pour celui qui les utilise) mais à reconstruire avec d’autres moyens. et parmi ces moyens : des outils critiques.

on pourrait distinguer alors :
– une Etude qui en quelque sorte essaierait de coller aux éléments de Monde, qui se placerait dans une sorte de respect par rapport à son objet, ou même dans une certaine nostalgie, la nostalgie de cet état de « naïveté » où l’on est dans les approxmondes comme si on était dans Monde lui-même, où on ne pose pas de distinction entre les deux.
ce serait comme une approche respectueuse, objectiviste oui, de Monde.
bien heureusement pour le chercheur qui se place dans cet horizon, il est toujours, quoiqu’il en veuille, dans tout ce qui n’est pas son étude et même dans les présupposés et les croyances qui animent son étude, un sujet « naïf ». Dès que l’on croit en certaines choses, et comme vivants dans l’urgence on ne cesse pas de vivre sur de la croyance, on est des sujets « naïfs » qui ne font pas de distinction entre des éléments d’idéologie (ou approxmonde), Monde, et les singularités qui font le réel infraMondain.

on peut faire un parallèle avec, par exemple, la science économique : les chercheurs en sciences économiques sont pour la plupart des gens respectueux de l’économie, et qui sont en quelques sortes des « croyants » en l’économie, il s’agit pour une écrasante majorité d’entre eux l’économie qui « existe » ici maintenant (eh oui, c’est de la science : la physique n’est pas la science d’une physique possible mais de la physique des objets existants) = capitaliste. Comme ils se considèrent comme des scientifiques, leur but est d’étudier ce qui existe ici maintenant et les possibilités inscrites uniquement dans l’horizon de ce qui existe ici-maintenant (prospective, qui en plus, via l’autoréalisation des prophéties, modifie le réel dans son propre sens, car l’économie fonctionne aux croyances de ses acteurs)

de même on pourrait se demander si pour Etude une perspective objectiviste ne provoquerait pas une solidification des éléments d’approxmonde…

-l’autre Etude, serait anti-Monde, ou plutôt critique et orientée. dans cette perspective, Etude n’est rien d’autre qu’une forme de la lutte contre Monde et les approxmondes qui, selon cette approche, vont dans le sens d’une justification idéologique du réel singulier humain tel qu’il est, avec Johnny Hallyday, la pornographie, l’Argent, etc.
Etude est une machine de guerre qui dissèque les éléments d’approxmonde pour les faire pourrir, et donc s’en distingue radicalement.
quelque part, cette étude anti-Monde n’a aucune prétention « scientifique » (sauf comme prétexte pour faire de l’entrisme dans les croyances Mondesque : cheval de Troie) mais seulement critique (avec quand même l’acuité que cela suppose dans la description des approxmondes), elle se perçoit comme un outil polémique, une arme, et partant elle est beaucoup plus proche de la réalité (au sens des singularités), n’ayant aucune prétention à l’universalité.
si on lui reproche de n’être rien d’autre qu’un approxmonde, elle ne le nie pas mais souligne qu’il en est de même pour toute Etude, mais qu’à la différence de l’étude objectiviste de Monde, elle ne se cache pas ses buts et n’ignore pas son efficace.

comme une approche critique de l’économie, qui pour les scientistes ne sera jamais une « science », mais qui pourtant, si néanmoins elle utilise tout les outils descriptifs que la science économique objectiviste a la naïveté de lui dévoiler, tout en éjectant ce qui n’est qu’idéologie fumeuse -principes et prospectives croyantes-, sera mille fois plus intéressante que la science économique.

cette branche d’Etude ne prétend pas être une science, se fout d’être une science, mais affirme qu’elle est, comme n’importe quelle science, une machine de guerre. sauf que les sciences font mine de ne pas être conscientes de cet aspect, en revendicant une simple valeur descriptive et non orientée du réel comme il est. Etude rétorque : MON CUL !

-Etude critique ne prétend pas être une description de ce qui est et tel que c’est. mais une description orientée, qui annule volontairement l’attitude naïve par rapport aux éléments d’approxmonde et donc supprime volontairement tout ce qui va avec cette attitude naïve, tout ce qu’elle suppose = donc pas exhaustive.
Disséquer Johnny Hallyday n’a certes pas la saveur et ne contient pas l’exhaustivité des éléments de « Johnny Hallyday » tel qu’il existe pour le fan, mais l’exhaustivité n’est pas ce que le chercheur de Monde vise : il vise à [décrire-détruire] « Johnny Hallyday » et en faire un pantin de merde qui nous éclaire sur la manière dont une culture de merde se nourrit et ce à quoi elle sert aussi.

Chercheur du CMEP n’a pas à se soucier d’être objectif : il ne faut pas décrire juste, mais décrire assez juste et juste assez pour FRAPPER juste.
Chercheur du CMEP n’a pas à se soucier d’être objectif, donc Etude s’articule totalement à la production libre d’objets, de textes, de sons, d’images, de projets comme Groupe de Musique. Etude est un de ces objets singuliers, sous la forme d’un effort de dissection, d’une arme critique faite d’idées et de paroles, démontages de mythes, laboratoires d’analyses et d’idées dont la production d’objets critiques et bizarres peut se nourrir.