Pomelos et Polemos sont dans un bateau (Leçon inaugurale prononcée au Collège de France, à la chaire d’Etude de Monde)

Mesdames, Messieurs les hautes personnalités,

Monsieur l’Administrateur,

Mesdames et Messieurs les Professeurs,

Mesdames, Messieurs,

par son énormité, par son amertume, par la grossière évidence de ses manifestations sur l’étal du primeur, le pomelos est une fidèle image de Monde, ou de ce qui en constitue le fond, à savoir la guerre. Or, celui qui s’est donné pour mission d’explorer la tessiture même des choses ne saurait accepter qu’il existât une métaphore de quoi que ce fût. L’écueil par lequel j’ai l’insigne honneur d’inaugurer aujourd’hui la chaire d’Etude de Monde, se trouve heureusement percuté, et de plein fouet, par l’humble barque de notre ignorance. Où donc aurons-nous échoué ? À Éphèse par exemple, où la tradition nous rapporte qu’Héraclite aurait dit, à sa manière sybilline, que le Polémos était le père, ou la guerre la mère, de toute chose. Sexualiser n’est pas notre propos. Ce serait par trop grossier. Ou point assez : allez, polémisons plutôt les sexes, et voyons-y plutôt l’une des mille et unes manifestations, et si vous permettez, pas la plus bandante, du fabuleux principe de guerre dont je vous propose, dans cette leçon inaugurale à la chaire d’Etude de Monde que j’ai l’honneur d’occuper en alternance avec mon collègue et néanmoins ami Daniel Schuld, de chausser vos entendements.

Coupant long à la rhétorique d’usage, à quoi j’ai résolu de ne sacrifier que le paragraphe d’introduction servi ci-dessus en guise d’amuse-bouche, je propose, puisque le temps nous manque déjà comme il nous manquera toujours, une salve de pétitions de principes dont mon esprit sodomite détient le secret. Aux leçons suivantes, que j’assurerai par intérim quand le professeur Schuld se verra incapable, tel que c’est le cas aujourd’hui, d’assurer les miennes par intérim, la jésuitique, la talmudique tâche d’énumérer, d’analyser, de décrire, de déployer l’inutile et noble profondeur réflexive et critique, pour l’édification et le fertile ennui de vos viandes, Mesdames, Messieurs.

La guerre est la matrice de tout rapport.

Le concept même de rapport contient l’idée de guerre.

Dès qu’il y a division, apparaît la possibilité de la collaboration et du conflit, autrement dit la guerre.

La guerre n’est pas une métaphore, mais un principe présent en toute chose en tant qu’elle existe. Héraclite l’a dit, quoiqu’il ait voulu dire, quand bien même il n’eût jamais rien dit.

Si le Christ, témoignant en cela de l’indubitable génie contrefactuel du christianisme, a posé l’amour au coeur de son message, c’est bien pour opposer un principe de salut à la tessiture même de la réalité, pour nous sauver de notre intime nature, qui est celle du péché, autrement dit de la guerre.

La guerre au sens le plus répandu, guerre civile, guerre entre Etats ou encore guerre économique entre conglomérats, n’est que la manifestation la plus spectaculaire du principe de guerre, sa mise en scène à l’échelle la plus grossière qui soit. Cette grossière cérémonie en doit pas occulter l’ubiquité de la guerre ni l’infinie variété de ses manifestations. Au contraire, en guise d’introduction, et puisqu’après tout nous sommes des êtres foncièrement grossiers, l’une des méthodes les plus abordables pour nous introduire au principe de guerre consiste à partir de la théorisation qui a été faite de la guerre au sens le plus grossier, à savoir la stratégie militaire, pour voir en quoi les outils de la stratégie militaire peuvent fonctionner comme autant d’instruments grossiers nous permettant d’entrevoir, Mesdames, Messieurs, la toute-présence de la guerre.

Dernières publications

Les chercheurs du CMEP prolongent Travail de recherche sur le Pittoresque ; les numéros #2, #3 et #4 sont désormais disponibles. Comme les numéros précédents, la mise sur le marché de la Revue est effectué par les Editions Micr0lab.

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Carte de Ville                                                                            Vue de Pays

Vue Pittoresque

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Le Comité de Rédaction du CMEP est fier de vous présenter le 1er numéro de la revue « Vue Pittoresque : Faire Bucarest, Dilidjan, Shanghai, Tbilissi ». Les auteurs sont à la pointe de la Critique et de la Critique de la Critique. Annulant eux mêmes leur travail par manque de disponibilité, ils/nous/vous vous soumettent à l’Etude cet ouvrage soigné et bien trop élégant, disponible exclusivement chez notre partenaire Microlab. (Lien Hypertexte)

Tentative de note sur Monde / appeler un chat Chat

jeudi 4 août 2011, 20:24

L’assainisseur d’appartement : petit flacon à capsule métallique qui contient un liquide aromatique à évaporation (L’évaporation est un passage progressif de l’état liquide à l’état gazeux. Elle est différente de l’ébullition qui est une transition rapide. C’est un changement d’état appelé vaporisation.) assainissante et insecticide. Grâce à une tige (La tige est chez les plantes à fleurs, l’axe, généralement aérien, qui prolonge la racine et porte les bourgeons et les feuilles. La tige se ramifie généralement en branches et rameaux formant l’appareil caulinaire.) de fleur (La fleur est constituée par l’ensemble des organes de la reproduction et des enveloppes qui les entourent chez les angiospermes -aussi appelées plantes à fleurs-) artificielle piquée dans la capsule, le liquide monte par capillarité (La capillarité est l’étude des interfaces entre deux liquides non miscibles, entre un liquide et l’air ou entre un liquide et une surface. Elle est mise en œuvre lorsque les buvards aspirent l’encre,…) et s’évapore par les pétales.

Quelques petites inventions, 1930, Techno-Science.net, rubrique « Rétro »

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Base : il y aurait Monde, et il y aurait les approx-monde. L'étude de Monde pourrait se nommer Etude. L'étude et la description des approx-mondes pourrait s'appeler l'approxmondeigraphie. Le processus de construction d'un approx-monde pourrait se nommer approxmondeisation. Le terme qui définirait une image d'approx-monde pourrait s'appeler un approxmondeisme.

Acté : opposition objectif/subjectif est caduque : il n'y a que le réel, le fait, ce qui est. Ou sinon, il n'y a que des subjectivités et des objectivités en même temps. Toutes les subjectivités et objectivités en même temps sont Monde.

"Le monde, celui fait de singularités, de noms propres et d'histoire, dans lequel nous vivons, présente parfois à nos yeux inquiets certains objets qui, plus que d'autres, nous mettent sur la voie de Monde (...) pourtant, l'intuition de Monde nous a bien effleuré, et nous poursuivons désormais la recherche de Monde et des fonctions hiératiques et affirmatives qui le peuplent."

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– il n’est pas de foi dans Monde : Monde est seulement l’incarnation d’une idée féconde, aux potentialités nombreuses, qui peut ou ne peut pas servir de grille de lecture du monde et de ses représentations passées et présentes.

– s’intéresser à Monde ou aux approx-monde n’est qu’une question d’affinité et de compétences. Travailler à l’un ou l’autre des domaines, étude de Monde ou étude des approx-mondes, revient à travailler à la connaissance de Monde. Ne pas étudier Monde et les approx-monde, ne pas avoir conscience de leur présence, c’est quand même illustrer Monde, c’est quand même y participer. Vivre, même, manger, faire l’amour, lire un livre, et toutes les manières de le faire, et tous les rituels conscients ou inconscients que cela présuppose, ce qu’on en retire (et ce qu’on n’en retire pas), à chaque fois illustrent Monde. Monde est là partout et nulle part à la fois, puisque personne ne comprends et ne connait Monde. Aucun homme d’affaire n’est Homme d’affaire, mais tous les hommes d’affaires sont un peu dans Homme d’affaire.

– La création artistique pourrait avoir un rôle particulier dans Monde. Les intuitions artistiques pourraient être des intuitions de Monde. Etude : représentation plus rigoureuse mais abstraites de Monde. Artistique : vision non rigoureuse mais apparue. Les deux, étude rigoureuse et création artistique intuitive s’interpénètrent, nourrissent la connaissance de Monde, autant que la connaissance de Monde se nourrit de la description des approx-mondes.

– Lien avec intuition diachronique, vue comme résonances entre approx-mondes qui permettraient de détecter du commun, du Monde. Monde, c’est le commun. Un commun à jamais insaisissable à ceux du monde, car pour eux à jamais incomplet. Ce commun absolu n’est que pensable, jamais représentable d’aucune manière. Face à Monde, l’habitant du monde en est réduit à des pronostics.

Le moutardier automatique : en appuyant avec le pouce sur le fond, on chasse un piston intérieur et on force (Le mot force peut désigner un pouvoir mécanique sur les choses, et aussi, métaphoriquement, un pouvoir de la volonté ou encore une vertu morale « cardinale » équivalent au courage (cf. les articles « force (vertu) » et…) la moutarde à sortir par l’orifice.

– Réponse provisoire : nul besoin de créer artificiellement et arbitrairement notre propre approx-monde : celui ci existe déjà. En le nommant, en l’écrivant, on peut le dogmatiser, le figer ; mais qu’on le fasse ou non, il existe. Par exemple, le travail dans notre approx-monde diffère en grande partie du travail dans l’approx-monde dominant, l’approx-monde commun de la société dans laquelle nous tenons une place (constitué lui-même d’une multitude d’approx-mondes individuels, plus ou moins proches, mais au moins assez pour constituer un approx-monde dominant). Dans notre approx-monde, on peut affirmer que la dichotomie travail/loisir tend à ne pas exister, alors qu’on peut affirmer que celle ci est prégnante, même fondamentale, dans l’approx-monde dominant. L’approxmondeisme « arabe » (entendu uniquement comme le mot et tout ce qu’il charrie de représentations, non la personne qu’il prétend définir) existe dans notre approx-monde (je dirais même pollue notre approx-monde) mais étant questionné, disséqué, il n’a plus la même réalité ni la même force que dans l’approx-monde commun.

Il serait sans doute intéressant de dresser l’inventaire, même nécessairement incomplet, d’éléments constituants notre approx-monde. Il serait intéressant de dresser l’inventaire de ce que nous considérerions comme l’approx-monde dominant, et de confronter les deux. Nous pourrions voir apparaitre, en creux, des raisons de divergences fortes qui seraient tout à coup ici révélés.

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Un paysage miniature, décor de train extrêmement pauvre. UNE église, séquencée. UN wagon, répété. Le circuit est pauvre, lui aussi. Le déplacement du convoi est d'une régularité effrayante. Les vaches ne bougent pas. Le camion de laitier livre sa marchandise pour l'éternité.

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Un art formalisé, un art d’académie, qui montre les convenances, les goûts d’une époque et d’une classe sociale donnée, un discours préconvenu et balisé, normé, compris; tout cela en dit autant sur les approx-monde, et donc potentiellement sur Monde, qu’un art de recherche ou un discours sur l’approx-monde et Monde.

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Ne pas créer illustre un approx-monde. Ne pas créer est tout à fait intéressant. Il y a là un mystère infini.

Depuis la grande galerie de l’évolution la remarque d’évidence suivante : l’histoire des sciences, et particulièrement l’histoire des taxinomies scientifiques nous en apprendrait beaucoup sur la connaissance des approx-mondes. De Gilles Clement, « ce que l’on nomme existe » ; ce que l’on ne nomme pas n’existe pas. Fleur, Monstre marin, Cheval sont devenues une infinité de fleurs et d’animaux. Fleur est devenue Ranunculaceae, Papilionoideae, puis Ranunculus ololeucos et Leguminosae-Papilionoideae. Une question, dès lors : la disparition des espèces accélérée par l’activité humaine occasionnera-elle un retour vers Fleur et vers Monde?

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La publicité dans une société d’hyperconsommation est de toute évidence une illustration des plus prégnantes de construction d’approx-mondes à finalité mercantile, concourant à la construction d’un l’approx-monde dominant qui est caractérisé par une indigence spirituelle frappante, d’autant plus imparable qu’elle est multipliée à l’envie dans l’infini des écrans télévisuels, clignotants, fixes, animés, figés. L’enfant Kinder chocolat n’est-il pas Enfant? La mise en abyme de son nom ne le rappelle-elle pas assez?

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L’art convenu apprends sur l’approx-monde historique, l’art d’avant garde sur un approx-monde aux balises élargies.

Auncun individu n’est Individu. Même le plus pauvre et bête gars incarne tour à tour une infinté d’illustrations de Monde et d’approx-mondes. Egalité dans Monde.

 Lien avec historiographie du présent (au niveau simple que je connais) ; établir l'approx-monde contemporain reviendrait à une historiographie du présent ; écriture partiale, partielle, incomplète mais pas moins rigoureuse d'un approx-monde donné. Historiographie : la rigueur n'empêchera jamais l'échec dans le traitement d'un sujet.

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Conclusion : Monde pourrait être un système, une grille de lecture des grilles de lectures, à partir de laquelle reformuler les questions.

Il paraitrait étonnant qu’un système finalement aussi simple n’ai pas déjà été imaginé ; l’approx-monde Platon nous en donne l’indice.

(Note de la note : Ces bribes sont en grande partie des redites et des réponses médiocrement formulées ; l’urgence de Monde a fait compiler cela aussi compulsivement ; d’autres sauront développer, rendre compréhensibles et poétiques ces méditations collectives)